Pologne : «L’Etat se moque des sanctions de l’UE»

— 4 décembre 2017

  • Pologne : «L’Etat se moque des sanctions de l’UE»

Comme l’avait soupçonné l’opposition polonaise, le blocage en juillet par le président Andrzej Duda de deux lois de refonte du système judiciaire, considérées comme contraires à l’Etat de droit par l’UE, n’était qu’une manipulation. Quatre mois après les manifestations massives d’opposition dans le pays, le Président, lui aussi membre du parti majoritaire ultraconservateur Droit et Justice (PiS), revient avec sa propre version des deux lois, guère différente. «Je suis dévastée. C’est la fin de la Cour suprême», a réagi la présidente de la Cour, Małgorzata Gersdorf. Elles seront soumises au vote du Parlement d’ici le 15 décembre. L’avocat Michal Wawrykiewicz, leader du mouvement «Wolne Sady» (Tribunaux libres), en détaille les enjeux.

Que prévoient ces lois ?

La première permettrait au politique de contrôler le Conseil national de la magistrature. Les 15 juges qui y siègent et sont normalement nommés par d’autres juges, seront désignés par vote à majorité simple du Parlement. Or le parti au pouvoir, Droit et justice, y dispose d’une large majorité. La deuxième loi porte sur une refonte de la Cour suprême, où tous les juges âgés de plus de 65 ans seront renvoyés, c’est-à-dire la plupart d’entre eux.

Vous vous attendez à de nouvelles manifs ?

Plusieurs appels ont été lancés pour des rassemblements populaires mardi. Mais je ne pense pas que ce sera dans les mêmes dimensions que cet été. Décembre est le mois le plus chargé de l’année pour les citoyens et il fait très froid dehors. Par ailleurs, la population commence à être fatiguée du sujet.

Quid des menaces de sanctions de l’UE ?

Le gouvernement s’en moque. Les menaces ne lui font pas peur.