Travailleurs détachés : ce que Macron a (et n’a pas) obtenu

Le président français a lutté pour arracher un meilleur compromis sur le statut des travailleurs détachés. Une longue négociation pas encore achevée.

Par Emmanuel Berretta

24/10/2017  Le Point.

 

 

Emmanuel Macron en avait fait un défi personnel, une pièce majeure dans l’édification d’une « Europe qui protège« . Lundi soir, à Luxembourg, ses vœux sont en partie exaucés : la France et ses partenaires européens ont trouvé un compromis pour réviser la directive de 1996 sur le travail détaché (lire le texte en anglais ici). Néanmoins, il faudra encore trouver un compromis avec le Parlement européen qui a approuvé, de son côté, un texte différent. Sur les 28 États-membres, seuls quatre ont maintenu leur opposition (Pologne, Hongrie, Lettonie et Lituanie). Trois autres se sont abstenus (Royaume-Uni, Irlande et Croatie).

Si l’on refait l’histoire de cette négociation marathon, un premier compromis sous présidence maltaise avait abouti, avant l’élection d’Emmanuel Macron en mai 2017, à consacrer le principe selon lequel « à travail égal, salaire égal en un même lieu » quel que soit le pays d’origine des travailleurs européens. Dès son élection, le président français a rejeté ce texte, considérant que les protections n’étaient pas assez encadrées, notamment contre la fraude au travail détaché ou la durée, à ses yeux trop longue, du détachement. Peu d’observateurs, à Bruxelles, estimaient qu’il pouvait obtenir mieux, compte tenu de la résistance conjuguée des pays de l’Est, mais aussi de l’Espagne et du Portugal, préoccupés par les conséquences de la révision du travail détaché sur le secteur du transport routier.