AFP 27-05-2015 –
La Commission européenne va demander mercredi aux Etats membres de l’UE de partager la prise en charge de plusieurs dizaines de milliers de demandeurs d’asile arrivés en Italie, en Grèce et à Malte, pour témoigner leur solidarité avec ces pays débordés par les flux de migrants.
« La proposition n’est pas parfaite, mais elle constitue un énorme pas en avant, car elle introduit le principe de la solidarité », a commenté mardi la chef de la diplomatie de l’UE, l’Italienne Federica Mogherini.
« Il va falloir construire un consensus » sur cette proposition de « relocalisation » des demandeurs d’asile « afin que les ministres de l’Intérieur puissent l’approuver à la majorité qualifiée lors de leur réunion le 16 juin » à Luxembourg, a-t-elle toutefois averti.
Les Européens doivent « résoudre ce problème d’une manière plus complète et collective », a déclaré le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, attendu mercredi à Bruxelles pour des entretiens avec les dirigeants de l’UE.
Mais l’exercice s’avère particulièrement difficile en raison de l’opposition du Royaume-Uni, de la Hongrie, des Etats Baltes, de la République Tchèque et de la Pologne à toute répartition obligatoire en fonction d’une clé de répartition. Si elle refuse toute mention de « quotas », la France n’est pas opposé à un partage en fonction de critères à définir.
Or la proposition présentée mercredi par le commissaire aux Affaires intérieures Dimitris Avramopoulos impose une clef de répartition fondée sur quatre critères: PIB, population, taux de chômage et nombre de demandes d’asile déjà enregistrées par le pays.
– « Urgence » –
Cette relocalisation doit permettre le transfert à d’autres Etats de personnes éligibles pour une protection internationale. Elle ouvrirait une brêche dans le règlement de Dublin qui impose la prise en charge des demandeurs d’asile par le pays d’arrivée.
La mesure vise à répondre à une « urgence », souligne la Commission européenne qui appréhende l’arrivée de vagues de migrants et de demandeurs d’asile durant l’été en Italie, à Malte et en Grèce. Un demi million de migrants pourraient tenter la traversée de la Méditerranée, a averti fin avril l’Organisation maritime internationale (OMI), une institution des Nations Unies.
Mais l’effort de solidarité doit être limité dans le temps et ne concernera que « les nouveaux arrivants à compter du mois de juillet ». Ne devraient être réparties qu’un peu plus de 40.000 personnes, en priorité des demandeurs d’asile « originaires de Syrie et d’Erythrée », selon les indications obtenues de source communautaire.
« Il n’a jamais été question de rétroactivité », insiste-t-on. L’Italie devra donc gérer seule les quelque 80.000 arrivants — migrants et demandeurs d’asile — actuellement hébergés dans les centres du pays.
La France s’est dite disposée à accepter un « mécanisme temporaire de répartition dans l’Union européenne des demandeurs d’asile ayant un besoin manifeste de protection ». Mais Paris « est et restera opposé à toute idée de quotas en matière de demande d’asile ».
La Commission européenne doit également « recommander » mercredi aux Etats de réinstaller sur leurs territoires au cours des deux années à venir 20.000 réfugiés en provenance de Syrie.
Une clef de répartition est également prévue pour cette prise en charge, mais l’accueil se fera sur une base volontaire, a assuré l’exécutif bruxellois, confrontée aux réticences de nombreux Etats pour qui le chiffre avancé est trop important.
La Pologne accueillera « pour commencer » 60 familles de réfugiés chrétiens de Syrie, a annoncé mardi le chef du gouvernement polonais, Mme Ewa Kopacz. Selon la clef de répartition de la Commission européenne, la Pologne devrait prendre en charge 962 des 20.000 réfugiés.
Le plan d’action pour l’immigration et l’asile présenté le 13 mai par la Commission européenne prévoit en contrepartie de cet effort de solidarité le renforcement de la lutte contre l’immigration irrégulière, via notamment la mise sur pied, décidée la semaine dernière par les 28, d’une opération navale contre les passeurs en Méditerranée.
L’UE a aussi convenu de renforcer les opérations de surveillance et de sauvetage en Méditerranée.