Post-Brexit : les requêtes de double nationalité des Britanniques ont explosé

La Commission européenne, à Bruxelles, le 16 octobre. Photo Emmanuel Dunand. AFP

Pas moins de 9 000 sujets de la reine ont déposé, entre juin 2016 et juin 2017, une requête pour obtenir la citoyenneté auprès de la seule république d’Irlande. Par ailleurs, 1 700 se sont tournés vers l’Allemagne et 2 000 vers la Suède. L’Italie a, elle, enregistré 573 dossiers.

Par Alessio Foderi — 14 novembre 2017

 

  • Post-Brexit : les requêtes de double nationalité des Britanniques ont explosé

Ce n’est pas un sauve-qui-peut général mais bel et bien une marque de défiance qui en dit long sur cette période de négociations post-Brexit. Depuis le 23 juin 2016, date du référendum sur le Brexit, quelque 17 000 Britanniques ont entamé des démarches administratives pour obtenir une citoyenneté française, italienne, allemande, suédoise, ou encore irlandaise. Qu’importe en réalité le pays, pourvu qu’il appartienne à l’Union européenne. Tels sont les résultats des récentes recherches du Guardian qui a recensé, d’une part, l’ensemble des demandes enregistrées auprès des diverses ambassades des 27 autres pays de l’UE au Royaume-Uni et, d’autre part, des ministères de l’Intérieur des Etats membres. Les demandeurs sont des Britanniques qui vivent et travaillent dans l’un des pays de l’UE.

Tout semble s’être emballé au lendemain de la victoire du «leave», lorsque les Britanniques ont craint de perdre leur statut de citoyens européens et de certains avantages dont ils bénéficiaient jusqu’à présent, notamment les droits liés à la libre circulation des travailleurs, des étudiants ou des touristes. La professeure de droit européen (université de Warwick) Dora Kostakopoulou estime en substance dans les colonnes du Guardian qu’une telle démarche relève surtout d’une préoccupation liée à la préservation des droits européens. Une sorte de principe de précaution, au cas où…

Un bond de 254 % des demandes en France

Certes, le Parlement britannique a approuvé la loi autorisant le gouvernement à déclencher le Brexit, mais les négociations entre Londres et Bruxelles risquent d’être longues. En théorie, le divorce avec l’Europe est prévu pour la fin mars 2019. Mais nombre d’experts n’excluent pas que les tractations puissent être ralenties, voire bloquées. En attendant, et face à un tel degré d’incertitude, les ressortissants britanniques ont préféré prendre les devants. Dans le détail, ce sont 9 000 sujets de la reine qui ont déposé, entre juin 2016 et juin 2017, une requête pour obtenir la citoyenneté auprès de la seule république d’Irlande. Par ailleurs, 1 700 Britanniques se sont tournés vers l’Allemagne et 2 000 vers la Suède. Au sud, l’Italie a enregistré 573 dossiers.

A l’instar de l’Allemagne, les demandes de naturalisation en France atteignent des records depuis juin 2016, avec un bond de 254 % par rapport à l’année précédente. En 2015, seulement 385 personnes d’origine britannique avaient déposé un dossier de demande de naturalisation. Un an plus tard, elles étaient 1 363 à avoir effectué la démarche et 2 129 au cours des huit premiers mois de 2017. Des données qui ne prennent pas en compte pas le nombre de requêtes déposées auprès du consulat de France à Londres, précise le Guardian. En attendant, les négociations entre Bruxelles et Londres continuent de s’enliser. Les dernières déclarations de Michel Barnier, négociateur en chef de l’Union européenne sur le Brexit qui vient de boucler un sixième cycle de négociations, illustrent l’absence de percée notable. Il est allé jusqu’à déclarer : «Préparons-nous à une absence d’accord.»