Chypre : à Pyla, malgré l’échec de la réunification, les communautés grecque et turque continuent à vivre ensemble

Depuis 1974, un conflit divise l’île méditerranéenne en deux, entre Chypriotes turcs et grecs. Dans le village de Pyla, les deux communautés ont toujours réussi à cohabiter.

Le village de Pyla (Chypre), où cohabitent des Chypriotes-grecs et des Chypriotes-turcs.

AFP

20/07/2017 | 19:45
 

Les pourparlers pour réunifier Chypre entamées au début du mois de juillet ont une nouvelle fois échoué. Pendant 10 jours, les Chypriotes-turcs et les Chypriotes-grecs ont négocié sans succès, en Suisse, sous l’égide de l’Organisation des nations unies (ONU). Les discussions ont notamment buté sur le retrait des troupes turques au nord de l’île ou le maintien d’un droit d’intervention par la Turquie. Malgré l’échec de ces négociations, un village chypriote ne s’est jamais divisé.Un conflit qui dure depuis 43 ans

À Pyla, les habitants croient toujours à une vie commune entre Chypriotes-turcs et Chypriotes-grecs. Dans cette petite commune, les cloches sonnent d’ailleurs en même temps que l’appel à la prière du muezzin. Les deux communautés ont toujours vécu ensemble, avant et après la guerre qui a divisé le pays à partir de 1974.

Pyla se situe sur la ligne de démarcation qui sépare l’île entre la communauté turque et la communauté grecque. Il y a 43 ans, l’armée turque a envahi le tiers nord de l’île méditerranéenne, en réaction à un coup d’État visant à rattacher Chypre à la Grèce. Depuis cette date, la partie sud, où vivent les Chypriotes-grecs, est appelée la République de Chypre, membre de l’Union européenne, alors que la partie nord, habitée par les Chypriotes-turcs, dépend de la République turque de Chypre du Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara.

Entraide pendant l’intervention militaire

À Pyla, pendant cette guerre, les deux communautés se sont entraidées, d’après le maire des turcophones de Pyla : « Pendant l’intervention militaire turque, nous avons eu très peur d’une réaction des militaires grecs. On a tous fui le village pour chercher refuge dans la base britannique à côté. Dans l’autre partie du village, contrôlé par des Chypriotes-grecs, ils n’ont pas touché à nos maisons. On avait tous confié nos clés de maison à nos voisins chypriotes-grecs, ils les ont gardées et ils en ont pris soin. »

Selon l’autre maire de Pyla, celui de la communautécChypriote-grecque, le respect de l’autre dépasse cet épisode : « Dans notre village, les rues ne portent pas de nom turc ou grec. On ne voulait pas, en donnant tel ou tel nom, froisser les sensibilités des uns ou des autres. »

A Pyla (Chypre), où vivent des habitants issus des communautés grecque et turque, les panneaux sont rédigés dans les deux langues.

L’ONU veille sur la bonne entente

Cette cohabitation se fait sous la surveillance de l’ONU, qui a un poste d’observation sur la place du village. Pour la postière du village, l’explication de cette entente vient surtout du fait de la mixité : « Il n’y a pas de quartier turc ou de quartier grec. On va trouver une maison grecque, à côté d’une maison turque. Il n’y a pas de secteur séparé, on est tous mélangés. »

Le village de Pyla, situé sur la ligne de démarcation, rappelle qu’à Chypre, il n’y a pas si longtemps, la vie commune entre les deux communautés était possible, et même heureuse.