Martine Aubry : « Les Français ne sont pas eurosceptiques, mais euro-déçus ! »

 

Avec 30% des voix obtenues lors du premier tour qui a eu lieu hier, Martine Aubry affrontera dimanche prochain François Hollande lors du second tour de la primaire socialiste.

A cette occasion, Touteleurope.eu, en partenariat avec Terra Nova, vous invite à découvrir la position de l’actuelle maire de Lille et Première secrétaire du Parti socialiste sur les questions européennes.

 

Touteleurope.eu : Quelle est, s’il est possible de n’en retenir qu’une, la mesure phare que vous proposez en tant que candidate socialiste à l’élection présidentielle française pour sortir l’Europe de la crise ?

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Martine Aubry : L’Europe doit à la fois casser la spéculation, mettre les banques au pas et relancer de manière ciblée la croissance et l’emploi. Pour y parvenir, la première mesure à envisager est la mise en place des « euro-obligations » qui permettront de mutualiser les dettes des États et donc de neutraliser la spéculation, et de financer des projets européens d’intérêt commun qui favoriseront l’investissement, la croissance et la conversion écologique en Europe.

Je plaide pour la transformation du Fonds de soutien européen en une véritable banque publique européenne dotée de 2000 milliards d’euros de capacité d’intervention. C’est à la fois une réponse d’urgence et un saut qualitatif qui ouvrira la voie vers la mise en place d’une véritable capacité d’investissement européenne et la constitution d’un véritable budget européen doté d’un puissant effet de levier au service de l’emploi et de la croissance.

Touteleurope.eu : Êtes-vous en faveur d’un renforcement de l’intégration européenne ?

Martine Aubry  : Il n’y a pas d’avenir pour l’Europe hors de l’approfondissement de l’intégration européenne. Cette conviction est au cœur de mon engagement politique et de mon projet pour la France. Oui nous avons besoin de plus d’intégration en Europe, d’une Europe qui innove et qui protège, d’une Europe à la fois défensive et offensive. Cela nécessité un véritable gouvernement économique européen, une plus grande mutualisation de nos ressources (défense, diplomatie, investissement), une harmonisation sociale et fiscale, une vraie politique industrielle à l’échelle européenne et le juste échange pour défendre en commun nos intérêts sur la scène internationale face aux nouvelles puissances « émergées ».

La question décisive n’est pas le « si », mais le « comment ». A 27 et bientôt 30, il sera difficile d’obtenir ces avancées. Autour de la France et de l’Allemagne, qui restent le moteur de l’Europe, je proposerai de lancer des coopérations renforcées avec une avant-garde de pays qui veulent avancer plus rapidement dans ces domaines.

Touteleurope.eu : Comment rapprocher l’Europe du citoyen et renforcer le sentiment européen chez les Français ?

Martine Aubry : C’est d’abord en favorisant la croissance et l’emploi et en relançant des projets communs pour l’avenir de nos peuples que l’Europe retrouvera le cœur des citoyens européens. Ils ne sont pas eurosceptiques. Ils sont plutôt euro-déçus par une Europe qui n’a pas tenu ses promesses en matière sociale, en matière d’emploi, en matière de croissance. Les Européens veulent une Europe des résultats, une Europe efficace et qui prépare l’avenir. Voilà ce que je veux construire.

Cela passe aussi par une démocratie européenne renforcée et rapprochée des citoyens. Le principal levier pour y parvenir, c’est d’européaniser davantage le débat démocratique. C’est ce que j’ai eu à cœur de faire depuis 2008 à la tête du Parti socialiste français, en travaillant avec le parti socialiste européen et notamment le SPD. La gauche européenne doit s’organiser pour peser vraiment sur les choix européens.