Le Brexit, grande crainte des retraités britanniques de la Costa del Sol

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Des clients attablés à un bar de Benalmadena en Espagne, le 16 mars 2016

 

AFP, publié le  22 mai 2016

Costal del Sol: des résidents anglais s’interrogent avec angoisse sur leur avenir en cas de Brexit, véritable casse-tête administratif

Attablés à la terrasse ensoleillée du bien nommé « Euro Bar » de Benalmadena, station balnéaire espagnole de la Costa del Sol (sud), des résidents anglais s’interrogent avec angoisse sur leur avenir en cas de Brexit, véritable casse-tête administratif.

Pauline, retraitée de 69 ans, s’était installée ici en 2011, avec son mari, cherchant un climat plus clément pour son arthrite.

« On devrait rentrer », en cas de départ du Royaume Uni de l’Union européenne, explique cette femme originaire de la ville de Leeds, dans le nord du pays, devant une pinte de bière.

 

Comme les milliers de Britanniques ayant troqué la sempiternelle pluie contre les bains de soleil de la « Costa », attirés par un marché immobilier abordable, Pauline, qui préfère ne pas donner son nom de famille, s’inquiète surtout des conséquences d’un Brexit en matière d’assistance médicale.

Atteinte d’une pathologie thyroidienne, elle suit un traitement comprenant des injections qui est pris en charge par le système de santé publique espagnol, grâce aux accords communautaires qui permettent à tout Européen de bénéficier des même soins qu’un Espagnol.

Les conséquences d’un vote favorable le 23 juin à la sortie du Royaume-Uni de l’UE sont encore à déterminer, un départ de l’union rassemblant 28 pays étant sans précédent.

Mais, « l’un des aspects les plus importants d’une éventuelle négociation de départ sera de déterminer quels seront exactement les droits des quelque deux millions de citoyens britanniques installés dans d’autres pays membres », a résumé une commission parlementaire britannique récemment.

« Une tâche compliquée et redoutable », ajoutait le rapport de cet organe parlementaire.

La Grande-Bretagne et l’Espagne parviendront-elles à un accord bilatéral sur leurs expatriés et combien de temps sera nécessaire ?

Les retraités britanniques devront-ils se payer une assurance santé privée ou pourront-ils encore profiter du système public espagnol ?

« Nous n’aurons pas les moyens de payer (…) c’est bien pour les riches mais ce n’est pas bon pour les gens ordinaires », se plaint Pauline, une ancienne caissière.

– Retraités pour la plupart – Irene Davies, installée à quelque 80 km de Benalmadena, à l’intérieur des terres, évoque les mêmes craintes.

« Il y a une certaine inquiétude au sujet des conséquences en matière de santé d’une sortie de l’UE. Je pense que si c’est le cas, il y aura un exode massif », dit cette femme âgée de 64 ans en terminant son petit-déjeuner dans un restaurant du village de Mollina, où elle vit dans un site réservé aux mobile home très fréquenté par les Anglais.

Les résidents ici, sont pour la plupart âgés de 60 à 80 ans, « ils prennent tous des médicaments », ajoute-t-elle.

Officiellement seuls 283.000 Britanniques ont élu domicile en Espagne mais nombreux sont ceux qui ne figurent pas sur les listes consulaires. C’est pourquoi on estime qu’ils sont entre 800.000 et un million, l’Espagne étant le premier pays d’expatriation en Europe, selon l’Observatoire britannique des migrations.

La plupart sont retraités et l’idée d’un Brexit les angoisse.

Ralph Smith, un avocat anglais installé en Espagne depuis 18 ans et marié à une espagnole, est également empli de doutes.

« Devrais-je demander un permis de séjour pour vivre ici? Devrais-je changer de nationalité? « , s’interroge-t-il. « Devrais-je demander un permis de travail? ».

Une « majorité écrasante » de Britanniques installés en Espagne veulent que leur pays reste membre de l’Union européenne, assure de son côté Stephen Ritson, animateur de l’émission Talk Radio Europe, installé sur la Costa Blanca, une autre région méridionale très prisée par les Britanniques.

Tous s’interrogent sur les conditions qui seront négociées pour les expatriés. « Et il est inconcevable qu’elles soient meilleures. Pourquoi le reste de l’Union européenne donnerait-il aux Britanniques de meilleurs conditions qu’aux membres de l’UE? ».