AFP 23-03-2015 –
Angela Merkel reçoit lundi Alexis Tsipras à Berlin pour relancer une relation germano-grecque au plus bas et évoquer les promesses de réformes d’Athènes qui a alerté sur son incapacité à rembourser ses dettes sans aide supplémentaire.
« Personne ne doit attendre de la rencontre bilatérale d’aujourd’hui des solutions », a averti Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière allemande, lors d’un point presse lundi. Cette rencontre « n’est pas un substitut » à une réunion de l’Eurogroupe, a-t-il insisté.
L’idée est d’instaurer un dialogue direct entre les deux dirigeants et surtout d’oeuvrer à un apaisement, au moins de façade, entre les deux pays. « Il faut que le ton entre l’Allemagne et la Grèce s’améliore de nouveau. Aujourd’hui est la parfaite occasion pour cela », a estimé Alexander Kritikos, directeur de recherche à l’institut allemand DIW, sur la chaîne NTV.
Comme pour tout dirigeant faisant sa première visite d’Etat à Berlin, le Premier ministre grec aura droit aux honneurs militaires devant la chancellerie à 17H00 (16H00 GMT). Suivra un premier entretien, puis une conférence de presse commune à 18H15 (17H15 GMT). Les discussions se poursuivront lors d’un dîner.
Après une montée en puissance des crispations ces dernières semaines entre le gouvernement grec de gauche radicale, confronté à la dette abyssale du pays, et le gouvernement allemand, qui ne voit la solution du problème que dans d’importantes mais douloureuses réformes, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier avait invité dès dimanche soir à l’accalmie.
« Nous ne pouvons pas permettre que les questions certes importantes et difficiles, que nous devons résoudre ensemble en Europe, minent les fondamentaux solides des relations germano-grecques », a-t-il déclaré, à l’issue d’une rencontre avec son homologue Nikos Kotzias.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, s’était en revanche chargé la semaine dernière de hausser le ton, agacé par les déclarations en tous sens du très médiatique ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, et les promesses de remise en cause du cap de l’austérité.
« Le temps est compté pour la Grèce », a prévenu le ministre conservateur, intransigeant sur l’importance de la rigueur budgétaire. « Jusqu’à présent, personne n’a compris ce que voulait le gouvernement grec », a-t-il critiqué.
– Aide en échange de réformes –
Confrontée à des échéances de remboursement importantes alors que ses caisses sont presque vides, Athènes attend le déblocage au moins partiel de la dernière tranche de prêts (7,2 milliards d’euros) prévue dans le cadre de la prolongation de l’aide financière décidée le 20 février par les Européens.
Ce versement est suspendu à la mise en oeuvre de réformes, dont M. Tsipras pourrait présenter lundi à la chancelière allemande une première ébauche de liste détaillée. Mais il a d’ores et déjà prévenu qu’il n’y aurait « pas de nouvelles mesures d’austérité ».
Sans ce nouveau déblocage de fonds à court terme, « il sera +impossible+ pour Athènes d’assurer le service de la dette d’ici les prochaines semaines », a averti le Premier ministre grec dans un courrier daté du 15 mars et révélé lundi par le Financial Times.
Un courrier qui serait à l’origine du mini-sommet, qui s’est déroulé vendredi dernier à Bruxelles, en présence notamment de François Hollande et Angela Merkel, où l’heure était déjà à l’apaisement.
La chancelière allemande et son homologue grec devraient profiter de leur première conférence de presse côte à côte pour souligner l’objectif, sur lequel ils se sont toujours montrés d’accord: maintenir la Grèce dans la zone euro.
En revanche, le ton pourrait se durcir si Alexis Tsipras insiste sur la volonté d’Athènes de réclamer des réparations à l’Allemagne pour des crimes de la Seconde guerre mondiale, dossier que Berlin considère comme juridiquement et politiquement clos.
Aimant d’habitude jeter de l’huile sur le feu et cristalliser l’agacement d’une population allemande de plus en plus hostile aux plans d’aide pour les autres pays européens, le tabloïd Bild a suspendu lundi les hostilités, avec une Une bilingue, en allemand et en grec, proclamant « Bienvenue en Allemagne, Monsieur Tsipras ».