La Grèce réfléchit à sa stratégie à l’issue de son rallye européen

Après une tournée européenne qui s’est heurtée à l’intransigeance allemande, les dirigeants grecs retrouvent la scène nationale avec très peu de temps devant eux pour définir leur stratégie vis-à-vis des créanciers du pays, réticents à accepter les propositions d’Athènes.

Le compromis ou le clash, c’est la seule alternative qui semble rester au gouvernement de gauche radicale d’Alexis Tsipras après la sévère mise en garde du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble contre toute velléité de la Grèce de s’écarter de la discipline budgétaire et des engagements sur les réformes.

Les dirigeants du pays devront se déterminer rapidement: une réunion extraordinaire des ministres des Finances de la zone euro consacrée à la Grèce a été convoquée mercredi à Bruxelles, à la veille d’un sommet européen.

Le programme d’aide européen à la Grèce arrive à son terme fin février. Une solution doit être trouvée pour éviter la faillite et une panique sur les marchés. L’UE veut convaincre la Grèce de demander une extension de son programme d’aide. Athènes s’y refuse.

« Le gouvernement respectera le mandat du peuple », qui a voté pour la fin de l’austérité et la renégociation de la dette, a répété vendredi le porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis sur la chaîne Antenna.

Yanis Varoufakis « Dix prochains jours brûlants », titrait vendredi le quotidien financier grec Naftemporiki, soulignant cependant que la décision de la Banque centrale européenne (BCE) qui restreint le financement des banques grecques « était plutôt un message envoyé aux dirigeants européens pour trouver une solution politique au dossier grec ».

Le calendrier de la BCE n’a pas servi Athènes, soulignait le Financial Times: en raison du système de rotation mensuelle des votes récemment mis en place à Francfort, ni la France, ni l’Irlande, ni Chypre, ni la Grèce elle-même ne votaient en février, or tous quatre auraient souhaité temporiser la décision.

– Le bilan –

Un premier bilan du marathon européen a été tiré par le Premier ministre jeudi devant son groupe parlementaire puis devant le conseil des ministres.

Le président français François Hollande et le Premier ministre italien Matteo Renzi, qui ont reçu Alexis Tsipras ont, comme Berlin, mis l’accent sur la poursuite des réformes tout en laissant la porte entrouverte au compromis.

Le porte-parole du gouvernement a réitéré vendredi qu’Athènes souhaitait « la poursuite des réformes », comme « la lutte contre la corruption et un système d’impôts juste ».

Le ministre des Finances Yanis Varoufakis doit s’entretenir dans la journée avec une délégation du Trésor américain pour évoquer la situation économique du pays, après le soutien affiché de l’exécutif américain à la fin de l’austérité en Grèce.

La majorité des observateurs ne jugent pas anéantis les espoirs de compromis entre Athènes et Bruxelles.

Pour le quotidien libéral grec Kathimerini, le gouvernement a fait « quelques gestes », en proposant notamment « un accord transitoire » avec les créanciers d’ici mai et un plan de réformes sur quatre ans, qui restent à « concrétiser ».

Le ministre des Finances a également évoqué cette semaine plusieurs solutions alternatives pour réduire la dette, qui ont reçu un bon accueil des économistes.

– Vers un compromis? –

Davantage de détails devraient émerger du programme de gouvernement, très attendu, qui sera présenté dimanche soir au Parlement par Alexis Tsipras et donnera une idée de la marge de manoeuvre du gouvernement, souligne Kathimerini.

Les analystes de BNP Paribas se voulaient optimistes « sur un compromis d’Athènes avec ses partenaires européens », sans exclure « le risque d’un clash ».

« Danse avec les loups », titrait vendredi le quotidien Ta Nea, soulignant « les menaces et pressions » sur Athènes, tout en affichant en une la photo des milliers d’Athéniens rassemblés jeudi soir devant le Parlement pour dire « non au chantage » des créanciers.

Les Grecs ne sont pas isolés: 300 économistes et universitaires du monde entier, dont l’Américain James Galbraith ou le Français Jacques Sapir, ont appelé dans une lettre ouverte les gouvernements européens « à engager des négociations de bonne foi avec le nouveau gouvernement grec pour résoudre la question de la dette ».