Discours de Gérard Caudron du 24 avril 2022 pour la « Journée Nationale du Souvenir des victimes de la Déportation »

Mesdames et Messieurs les représentants des associations d’Anciens Combattants,

Messieurs les porte-drapeaux, toujours aussi fidèles,

Mesdames et Messieurs les responsables et militants d’associations villeneuvoises,

Mesdames et Messieurs les conseillers de quartiers et conseillers du conseil des Jeunes,

Mesdames et Messieurs les représentants des Corps Constitués de l’Etat et des collectivités territoriales, 

Mesdames et Messieurs les membres de nos forces de sécurité dont on mesure quotidiennement en France et en Europe l’impérieuse nécessité de les renforcer   « en ces temps troublés »,

Mesdames et Messieurs les élus communaux, conseillers de la métropole européenne de Lille, du conseil départemental et du conseil régional,

Monsieur le Maire honoraire, 

Mesdames, Messieurs, mes chers concitoyens,

C’est le 14 avril 1954, il y a donc 68 ans, que par une loi votée à l’unanimité, était décidé de faire du dernier dimanche d’avril « la Journée Nationale du Souvenir des victimes de la déportation ».

Je veux donc, en ce matin du 24 avril 2022, 77 ans après la libération du premier camp de concentration nazi, le camp de Dachau le 29 avril 1945, le répéter une nouvelle fois : cette « Journée Nationale du Souvenir des victimes de la déportation » n’est pas et ne sera jamais une célébration comme les autres.

J’ajoute que ce n’est pas par hasard que depuis de très nombreuses années nous avons choisi de nous réunir ici, Place Jean Moulin, pour cette cérémonie, et ce, aujourd’hui en 2022, après une année de confinement en 2020 et une autre année de semi-confinement en 2021 pour cause de pandémie.

Devant l’Histoire, chacun le sait, Jean Moulin personnifie et incarne la Résistance aux côtés, bien sûr, de bien d’autres résistants en réseaux ou non, connus ou anonymes.

Et c’est pourquoi, ici, sur la place qui porte son nom, nous rappelons une fois encore que les femmes, les hommes et les enfants à qui nous rendons hommage par notre rassemblement et qui n’ont pas, pour beaucoup, leurs noms gravés dans la pierre d’un monument, 

ont toutes et tous leurs noms gravés dans nos cœurs, dans notre Histoire et dans notre Mémoire .

Qu’ils aient été déportés parce que combattants, déportés pour le fait d’être nés juifs, parce quagents d’un réseau de résistance, militants d’une cause ou d’un parti politique, porteurs de messages, ou déclarés coupables parce que désignés comme  » différents  » par des pouvoirs indignes d’être qualifiés d’humains,

ils sont tous les victimes du nazisme, des fascismes et de tous leurs complices.

C’est donc pourquoi, nous réunir Place Jean Moulin, c’est bien d’abord rendre un hommage particulier à ces femmes et à ces hommes qui ont donné la seule définition qui vaille à une Nation : un ensemble d’êtres humains qui veulent vivre ensemble selon des règles humaines, laïques et Républicaines.

C’est pourquoi enfin, nous réunir ici chaque année nous donne le devoir de parler de la Résistance et de parler de la Déportation, au risque peut être de se voir reprocher de se répéter … mais il est dans ces domaines toujours nécessaire de se répéter quand, aujourd’hui, trop de Français(es) et d’européens font preuve de « mémoire courte ».

Oui, Mesdames, Messieurs, il faut répéter que les camps de concentration et leurs millions de morts ne sont ni de « simples dérapages », ni des  » détails de l’Histoire « , ni même des faits de guerre mais qu’ils sont la conséquence mécanique et criminelle d’idées de haine, de discours nazis et de discours fascistes qui n’ont pas disparues. 

En ce 24 avril 2022, une journée par ailleurs particulièrement importante aujourd’hui en France, s’il y avait une seule chance qu’un jeune ou qu’un moins jeune de plus, entende ce message, il faudrait, il me faudrait, il nous faut le lancer et le relancer.

Et il faut donc, sans relâche, répéter que cette célébration n’est pas uniquement tournée vers l’Histoire mais bien vers notre présent et vers notre avenir, 

que la dénonciation du fascisme et du nazisme, de leurs acteurs et de leurs complices masqués ou non, n’a de sens que si elle s’accompagne d’un combat acharné de chaque instant contre les formes actuelles de résurgence de ces idéologies criminelles .

Il faut en effet aussi redire que la première fidélité à la mémoire de ceux à qui nous rendons hommage consiste à continuer leur combat.

Il faut le faire avec vigilance, avec force et avec détermination pour qu’il ne soit pas à nouveau, un jour prochain… trop tard…en espérant, en ce 24 avril 2022, qu’il ne soit pas déjà trop tard…

   Certains se souviennent peut-être encore, malgré le temps qui passe, que de nombreux démocrates, avant 1940, en toute bonne foi parfois, considéraient qu’il ne fallait pas, à propos du fascisme, « crier au loup »… tandis que d’autres n’hésitaient pas à considérer que Hitler était tout à fait « fréquentable », comme certains… il n’y a pas si longtemps.

La catastrophe qui suivit leur a très vite donné tort.

A l’heure où une guerre a repris en Europe avec l’invasion de l’Ukraine par M. Poutine et ses troupes qui y multiplient à nouveau des crimes de guerre, ne tombons donc pas aujourd’hui en Europe dans le même piège et disons-le à nouveau à ceux qui volontairement ou non ne s’en rendent pas compte.

Mesdames, Messieurs, Lucie Aubrac a eu un jour une expression que je n’oublierai jamais et qui est en 2022 en Ukraine et en Europe, plus que jamais d’actualité :  « résister est un verbe qui se conjugue au présent »,

Mesdames, Messieurs, mes chers concitoyens, merci donc à vous d’avoir, par votre présence, permis une nouvelle fois ici Place Jean Moulin, en ce 24 avril 2022, 77 ans après la libération des camps de la mort nazis, de rappeler à tous un souvenir qui ne doit pas s’effacer malgré le temps qui passe.

En 2022, encore, toujours et j’ajouterai, plus que jamais,

nous le devons aux déportés, nous le devons à nos enfants, nous le devons à l’Histoire, nous le devons au Présent et nous le devons à l’Avenir !

Ensemble redisons le:

Vive la Paix !, une Paix de justice, de liberté, de fraternité et de respect de nos règles Républicaines qui régissent notre vie commune,

Vive l’Europe, vive la République et vive la France !

Gérard CAUDRON

Maire

Le 24 avril 2022