Brexit Les députés britanniques rejettent l’accord, le piège se referme sur Theresa May

C’était redouté et prévisible. L’accord de retrait, signé par l’Union européenne et le Royaume-Uni, n’a pas été validé par le Parlement britannique. Tous les acteurs entrent désormais dans une zone de turbulences à l’issue inconnue.

Voix du Nord : Olivier Berger | 15/01/2019

Theresa May n’a pas su convaincre la Chambre de Communes : 432 voix contre l’accord de retrait négocié avec l’UE, 202 pour seulement. PHOTO AFP

En attendant le vote fatidique, tout l’après-midi de ce mardi, les députés britanniques débattent à la Chambre des communes avec leur démesure légendaire. La palme revient à Dominic Raab, ancien Secrétaire au Brexitdémissionnaire. Le conservateur assure que l’accord sur la table reviendrait à « sauter du haut de la falaise démocratique ».

Les europhiles de l’opposition, travaillistes et indépendantistes du parti national écossais, souhaitent une extension de l’article 50 de retrait avec des assurances sur l’union douanière, le marché unique. Ce qui reviendrait à sortir de l’Union européenne tout en y restant. À défaut, la chef du Labour au sein du comité Brexit des Communes, Hilary Benn, propose la tenue d’un deuxième référendum : « Et si ce n’est pas possible, le seul chemin possible sera de permettre au public de voter. » La dangereuse falaise démocratique, on y revient.

Au Royaume-Uni, on ne fait rien comme ailleurs. La majorité pour 650 députés se situe à 320 voix. Par convention, le Speaker et ses trois adjoints sont neutres et ne votent pas. Et les sept députés nord-irlandais indépendantistes du Sinn Féin ne siègent pas car ils refusent de prêter serment à la reine…

« Mieux vaut pas d’accord qu’un mauvais accord »

L’ambiance majoritaire des dernières heures est au « mieux vaut pas d’accord qu’un mauvais accord ». Dans un discours de la dernière chance, Theresa May tente de contrer ce discours. Un vote contre son accord serait un vote pour « l’incertitude, la division et le risque très réel de ne pas conclure d’accord ». Elle promet « des solutions créatives » pour que la clause de sauvegarde pour l’Irlande et l’Irlande du Nord (garder cette dernière attachée à l’UE pour éviter le retour d’une frontière) soit effectivement temporaire.

Mais rien n’y fait. Le vote est sans appel : 432 voix contre l’accord négocié avec l’UE ; 202 pour. Theresa May reste combative, propose, comme l’opposant Jeremy Corbin, un débat pour une motion de défiance dès ce mercredi. Si elle demeure vivante, elle proposera un plan B lundi avec une idée-force : « Le peuple veut que la question du retrait soit réglée une bonne fois pour toutes. »
Le Royaume-Uni ne se retrouve pas seul dans son brouillard politique. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a renoncé à une conférence à Strasbourg. Il est resté dans son bureau bruxellois pour d’éventuelles discussions d’urgence. Voire désespérées. Britanniques et Européens n’en ont pas encore fini avec le Brexit !