Manifestation à Varsovie contre les réformes du système judiciaire

Des milliers de Polonais manifestent le 16 juillet 2017 devant le parlement à Varsovie pour dénoncer les réformes du système judiciaire menées par les conservateurs au pouvoir.

 

AFP,  16 juillet 2017

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche devant le parlement polonais pour dénoncer les réformes controversées du système judiciaire menées par les conservateurs au pouvoir.

« A bas Kaczor, le dictateur! », scandaient les manifestants. Kaczor, qui signifie en polonais « canard mâle », est le sobriquet donné à Jaroslaw Kaczynski, le chef du parti au pouvoir, à cause de la ressemblance phonétique avec son nom de famille.

Le nombre de manifestants s’élevait à 4.500, selon la police.

Les dirigeants des deux principaux partis d’opposition, Plateforme civique (PO, centriste) et Nowoczesna (libéral), Grzegorz Schetyna et Ryszard Petru, ont prononcé des discours musclés, s’engageant à collaborer étroitement pour s’opposer à la politique de Droit et Justice (PiS) dirigé par M. Kaczynski.

Les deux chambres du parlement polonais ont approuvé cette semaine deux projets de loi qui, aux yeux de l’opposition, marquent un pas vers la prise de contrôle du système judiciaire par la majorité conservatrice et affaiblissent la séparation des pouvoirs.

La première des deux lois porte sur le statut du Conseil national de la Magistrature et stipule que le Parlement, où le PiS a la majorité, choisira désormais ses membres. La deuxième loi modifie le régime des tribunaux de droit commun, dont les présidents seront nommés par le ministre de la Justice.

« Tout cet ensemble de lois (sur le système judiciaire) est un scandale », estime Agnieszka Janczarska, une juriste de Varsovie âgée de 39 ans, qui manifeste avec des petits drapeaux polonais et européen.

« C’est la destruction des principes fondamentaux de la démocratie, à savoir de la séparation des pouvoirs », assure-t-elle à l’AFP.

Les deux textes n’ont plus besoin que de la signature présidentielle pour entrer en vigueur.

L’approbation du chef de l’Etat Andrzej Duda, proche du PiS, majoritaire dans les deux chambres, est considérée comme très probable.

Justifiant ces lois, le ministre de la Justice Zbigniew Ziobro a accusé le Conseil de la magistrature d’être « une corporation qui, elle seule, décide de tout » et les magistrats d’être une « caste » dont les racines plongent dans l’époque communiste et qui sert les intérêts de certains groupes politiques.