Allemagne: Martin Schulz dévoile son plan contre Merkel

Martin Schulz le 25 janvier 2017 à Berlin

 

AFP,  29 janvier 2017

Allemagne: Le candidat des sociaux-démocrates pour la chancellerie, Martin Schulz, présente son programme pour faire vaciller Angela Merkel aux législatives de septembre

Le candidat des sociaux-démocrates pour la chancellerie allemande, Martin Schulz, présente dimanche son programme pour tenter de faire vaciller Angela Merkel lors des élections législatives de septembre, porté par de premiers sondages encourageants pour son parti.

Au vu des enquêtes d’opinion, la chancelière conservatrice reste pour le moment encore largement favorite pour obtenir un quatrième mandat à l’issue du scrutin prévu le 24 septembre.

Mais alors que le parti social-démocrate (SPD) atteignait depuis des mois des records d’impopularité, menaçant même d’être rattrapé dans les intentions de vote par la droite radicale anti-immigration, l’arrivée d’un nouveau chef de file cette semaine lui a donné un nouvel élan.

Après avoir présidé le Parlement européen pendant 5 ans, Martin Schulz s’est lancé dans la course en remplacement de celui qui apparaissait jusqu’alors comme le candidat naturel du SPD, le vice-chancelier Sigmar Gabriel. Ce dernier a finalement jeté l’éponge face aux mauvais sondages.

Resté jusqu’ici évasif sur ses idées, Martin Schulz, qui prendra aussi en mars la présidence du SPD, entre dimanche dans le vif du sujet en prononçant vers 12h00 GMT un discours sur son programme électoral.

Plus à gauche sur les questions sociales que Sigmar Gabriel, cet homme de 61 ans issue d’un milieu modeste et qui n’a pas fait d’études, devrait axer son discours davantage sur la défense des classes populaires qui se détournent, comme partout en Europe, de la social-démocratie.

Novice dans la politique allemande au niveau national – il fut parlementaire européen à partir de 1994 – l’homme met sans cesse en avant son expérience de maire d’une ville moyenne allemande au début de sa carrière en gage de proximité avec le peuple.

Il entend aussi lutter contre la progression de la droite populiste dans le pays. Une chose est acquise: « Je veux devenir chancelier », a-t-il lancé dans une interview à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel paru samedi.

– Sondages en hausse –

Ce qui peut paraître comme une profession de foi assez évidente, venant d’un candidat, constitue en réalité un changement de paradigme pour le SPD, qui avait en privé depuis des mois abandonné toute illusion de détrôner Angela Merkel, malgré les critiques dont elle fait l’objet pour avoir ouvert les portes de l’Allemagne aux migrants.

Le parti se battait surtout pour rester partenaire minoritaire de la coalition avec les conservateurs dans le prochain gouvernement. Un de ses responsables, Torsten Albig, ministre-président de l’Etat régional du Schleswig Holstein, était même allé en juillet 2015 jusqu’à suggérer au SPD de renoncer à présenter un rival contre Angela Merkel.

L’espoir est de nouveau présent avec Martin Schulz. Les deux premiers sondages parus après l’annonce de sa candidature, pour les chaînes de télévision ZDF et ARD, montrent une progression du SPD de trois points dans les intentions de vote, à respectivement 24% et 23%, et une baisse du parti de la chancelière, la CDU, de deux points, à 35%.

En termes de popularité personnelle, Martin Schulz fait même jeu égal avec Angela Merkel. Une proportion presque identique d’Allemands, autour de 40%, souhaite voir les deux responsables à la Chancellerie après les élections.

« La chancelière a maintenant un problème, un gros problème », juge le magazine Stern, « avec Martin Schulz elle a un rival aussi populaire qu’elle, qui va être en mesure de mobiliser son parti et va pouvoir l’attaquer car il ne fait partie de la coalition » gouvernementale actuelle.

Néanmoins, la popularité personnelle a ses limites dans le système allemand. Le chancelier n’est pas élu directement par la population mais par les députés. Et là, le SPD de Martin Schulz a encore un très gros retard à combler sur la CDU.

« Schulz n’a jusqu’ici pas de contours politiques précis » en Allemagne, « il s’est fait connaître comme président du Parlement européen mais ce n’est pas avec l’Europe qu’on gagne une élection allemande », met en garde le directeur de l’institut de sondage Forsa, Manfred Güllner.