Au Royaume-Uni, des inégalités dignes de l’ère Thatcher

Par Sonia Delesalle-Stolper, (Correspondante à Londres) — 2 février 2017

A Clacton-on-Sea, une des villes les plus déshéritées du pays, en mai 2015. Photo Manuel Mazquez pour Libération

 

Le gouvernement conservateur de Theresa May jubile. Le Brexit est imminent, la loi sur l’article 50 a été votée aux Communes et les négociations sur la sortie de l’UE devraient être engagées avant fin mars. La Banque d’Angleterre a relevé ses prévisions de croissance pour 2017, tablant sur 2 %. L’effet Brexit est pour le moment inexistant, ou en tout cas modeste. Pourtant, les conclusions du think tank Resolution Foundation, publiées mercredi, dressent un autre tableau. Ce rapport met en garde contre le plus important creusement des inégalités depuis les années Thatcher. Le think tank ne blâme pas le Brexit pour cette tendance, même s’il joue un rôle. Si la croissance reste forte et le chômage bas, la chute de la livre, qui a entraîné une hausse de l’inflation, l’absence ou la très faible croissance du niveau des salaires, les coupes dans les services sociaux et la flambée des matières premières affectent lourdement les ménages défavorisés. La Resolution Foundation prévoit «qu’entre 2015 et 2020, les revenus des ménages les plus pauvres devraient chuter de 2 %». La législature actuelle devrait être la «pire pour le niveau de vie des plus pauvres depuis l’établissement des premières statistiques au milieu des années 60 et depuis les premières années Thatcher (1979-1990)». Ce rapport est passé presque inaperçu – seul le Guardian en a parlé. May a promis de construire un Royaume-Uni«global, ouvert sur le monde», qui «prenne en compte ceux qui s’en sortent tout juste dans la vie». Elle a du pain sur la planche.