Brexit : les petites victoires de Theresa May

La Première ministre britannique a obtenu un soutien massif du Parlement et, comme promis, a publié le livre blanc sur la sortie du Royaume de l’Union.

 

02/02/2017

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La Première ministre britannique a surmonté les premières épreuves du Brexit.

 

Le feuilleton à rebondissements que constitue le Brexit n’en est qu’à ses débuts, mais deux étapes majeures ont été franchies au cours des dernières quarante-huit heures. Pour apaiser ses troupes inquiètes de son silence sur le sujet, Theresa May avait promis un « livre blanc ». Il a été rendu public ce mercredi et confirme, en les détaillant, les orientations déjà ébauchées.

Le point le plus important porte sur cette fameuse libre circulation au sein de l’Union européenne que la Première ministre voulait conserver de façon sélective. D’accord pour les biens, les services et les capitaux, mais pas pour les personnes puisque c’est précisément pour mettre un terme à l’afflux de travailleurs venant d’autres pays membres qu’une majorité d’électeurs ont choisi de rompre.

Les partenaires du Royaume-Uni ayant fait comprendre que c’était tout ou rien, Londres a fini par céder, du moins officiellement, comme le confirme le document. Celui-ci stipule noir sur blanc que le pays renonce au marché unique tout en espérant pouvoir négocier ultérieurement « le meilleur accès », ce qui augure de sérieuses empoignades.

Formalité

Mais l’épreuve la plus significative avait eu lieu quelques heures plus tôt avec la présentation du projet devant la Chambre des communes. Comment allaient réagir les députés dont une large majorité sont, en leur for intérieur, hostiles au Brexit ? Ceux-ci n’ont finalement pas osé désavouer les électeurs qui s’étaient prononcés par référendum pour une sortie de l’UE, le 23 juin dernier : 498 élus ont voté pour une poursuite de la procédure, 114 contre. Ce score sans appel constitue une victoire incontestable pour Theresa May.

Le texte doit encore passer devant la chambre des Lords, mais cela constitue une formalité et la Première ministre a désormais la certitude de pouvoir faire jouer l’article 50 qui déclenche le processus de sortie, avant fin mars comme promis, puis de négocier celle-ci avec un réel soutien politique.

Le Labour en crise

Soulagement doublé d’une petite satisfaction. À une exception près (l’ancien ministre Kenneth Clarke, ultime survivant des tories europhiles), tous les députés conservateurs ont fait bloc derrière May.

Le chef de l’opposition travailliste aurait aimé pouvoir en dire autant. Jeremy Corbyn avait demandé à ses députés de voter selon les vœux de la Première ministre, au nom du respect du suffrage populaire. Cela n’a pas empêché une petite cinquantaine de frondeurs d’enfreindre la consigne (malgré les menaces de sanctions), preuve que la crise que traverse le Labour depuis l’accession de Corbyn à sa tête est durable. Bref, la course d’obstacles ne fait que commencer et cette amorce n’est la garantie de rien, mais Theresa May peut se dire : « Jusqu’ici, tout va bien. »