Le feuilleton grec déprime les marchés financiers

Boursier 04-06-2015

l_marche-bourse

Aucun accord n’est encore conclu, après la rencontre Juncker/Tsipras de mercredi soir.

Les interminables tractations pour parvenir à un accord sur la Grèce commencent à peser sur les marchés financiers. Jeudi, les marchés d’actions étaient orientés en nette baisse, l’indice Euro Stoxx 50 cédant en matinée 1,7%, l’indice CAC 40 plus de 2% et l’indice allemand DAX lâchant 1,5%. Les marchés obligataires continuaient d’être bousculés, avec des tensions marquées sur les taux souverains allemands à 10 ans, remontés en quelques jours de 0,5% à 0,90%, et sur ceux des OAT françaises, passés de 0,8% à 1,20%.

La Bourse d’Athènes chutait de 2,6% en matinée, alors qu’une rencontre cruciale, mercredi soir à Bruxelles, entre le Premier ministre grec Alexis Tsipras, et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, n’a pas permis de dégager un accord sur les conditions de la poursuite de l’aide financière dont la Grèce a besoin de toute urgence pour éviter la défaillance.

1,6 milliard d’euros à rembourser au FMI en juin

La perspective d’un défaut de la Grèce et d’une sortie du pays de la zone euro, revient donc hanter les marchés, alors qu’Athènes doit rembourser avant vendredi soir 300 millions d’euros au FMI. Ce montant (que la Grèce serait en mesure de décaisser, selon des sources proches du dossier) n’est que la première tranche de 4 versements totalisant 1,6 milliard d’euros dus au FMI au mois de juin. Or, Athènes a admis qu’il ne serait pas en mesurer d’honorer l’ensemble de ces paiements si le gouvernement ne parvenait pas à obtenir très rapidement le déblocage du solde de l’aide européenne (7,2 MdsE) en échange de réformes structurelles en Grèce.

Malgré l’urgence, aucun accord n’a pu être conclu à l’issue du dîner de travail de mercredi soir, qui a réuni à Bruxelles Alexis Tsipras, Jean-Claude Juncker, et le chef de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Or, beaucoup espéraient que ce rendez-vous serait décisif, notamment François Hollande, qui a même déclaré mercredi avec optimisme que « nous sommes à quelques jours, je ne veux pas même dire à quelques heures d’un possible règlement ».

 

Deux propositions d’accord rivales sont en présence

De fait, si le climat du dernier « round » de négociations a été jugé « constructif » et « positif » par les participants, des divergences demeurent entre Athènes et ses créanciers (l’UE, le FMI et la BCE). Ces derniers ont présenté à la Grèce leur proposition commune élaborée à l’issue d’un sommet d’urgence, organisé lundi soir à Berlin à l’appel de la chancelière allemande Angela Merkel. Mais Alexis Tsipras, sous la pression de son parti de la gauche radicale Syriza, a présenté son propre plan de travail, dont les termes ne sont visiblement pas en adéquation avec ceux de ses créanciers.

Le document d’Athènes proposerait, de source grecque, une refonte du système de TVA avec la création de trois taux différents, l’unification graduelle des caisses de retraites, la suppression des retraites anticipées et une accélération des privatisations.

En revanche, la législation du travail ne serait plus réformée davantage, et on ne réduirait plus le montant des retraites, malgré les demandes pressantes du FMI… Les créanciers auraient en revanche accepté que la Grèce vise un niveau d’excédent budgétaire primaire (avant charge de la dette) inférieur à leurs précédentes requêtes en 2015 et 2016, avant de l’augmenter les années suivantes.

Syriza menace de le pas rembourser le FMI et d’organiser de nouvelles élections

Dans ce contexte, les discussions, qui durent depuis 4 mois déjà, vont reprendre dans les jours qui viennent, probablement avant le week-end, selon plusieurs sources européennes. Certains négociateurs restent cependant sceptiques sur le calendrier, et estiment qu’un accord ne sera pas possible avant le sommet du G7 prévu le dimanche 7 juin en Bavière, voire au-delà…

Ils soulignent notamment les risques posés par l’organisation d’un possible référendum en Grèce, et s’inquiètent des discours enflammés de certains dirigeants de Syriza, qui refusent d’accepter tout nouveau compromis. Mercredi, le porte-parole de Syriza, Nikos Filis, a même menacé de ne pas rembourser le FMI, si aucun accord n’est trouvé d’ici à vendredi avec les créanciers. La veille, le secrétaire d’Etat aux Assurances sociales, Dimitris Stratoulis, membre de l’aile gauche de Syriza, a estimé que « si l’accord est mauvais pour le gouvernement, le peuple et le pays, il ne sera même pas soumis au Parlement… Il y aura des élections »…