AFP 05-05-2015 –
La zone euro profitera cette année d’une embellie économique, en engrangeant une croissance légèrement meilleure que prévu et en évitant la déflation, essentiellement grâce à une série de facteurs externes, ce qui doit l’inciter à poursuivre les réformes, selon Bruxelles.
La croissance devrait atteindre 1,5% cette année, a indiqué la Commission dans ses prévisions économiques d’automne, contre 1,3% attendu en février. Autre bonne nouvelle, l’union monétaire devrait échapper à la déflation, avec 0,1% d’inflation, contre -0,1% prévu précédemment.
« L’économie européenne ne s’était pas portée aussi bien depuis plusieurs années », a lancé le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. « Certes, l’évolution de la situation est encourageante, mais il nous faut veiller à asseoir la croissance dans la durée », a tempéré le vice-président de la Commission chargé de l’euro, Valdis Dombrovskis.
Pour 2016, la prévision de croissance de la Commission demeure d’ailleurs inchangée par rapport à février, à 1,9%.
La relative embellie économique dont bénéficie la zone euro s’explique par « une conjonction de plusieurs vents favorables », a expliqué M. Moscovici au cours d’une conférence de presse, citant « les prix bas du pétrole, la dépréciation substantielle de l’euro » ainsi que « l’effet positif du programme d’assouplissement quantitatif mis en place par la Banque centrale européenne ».
Cette politique monétaire, marquée par des rachats massifs de dette, a un impact « positif » qui est « plus fort que nous l’avions prévu en février », et a « contribué à recréer des anticipations d’inflation », a-t-il souligné.
L’inflation devrait encore rester quasi nulle au premier semestre, sous l’effet de la chute des prix de l’énergie, mais redémarrer à la fin de l’année. Si elle ne dépasse pas 0,1% en 2015, elle devrait passer à 1,5% en 2016.
La décrue du chômage, quoique lente, devrait s’avérer un peu plus nette que prévu: le taux de chômage, qui atteignait encore 11,6% en moyenne dans l’ensemble de la zone euro en 2014, passerait à 11,0% cette année puis à 10,5% l’an prochain.
– ‘Reprise véritable’ –
De manière générale, « nous avons aujourd’hui des indications claires qu’une reprise cyclique véritable est désormais en cours », a affirmé M. Moscovici, citant, au-delà des facteurs conjoncturels comme les prix du pétrole, le renforcement de la confiance des ménages et la consommation de biens durables.
Mais il a plaidé pour des « efforts supplémentaires (…) pour que cette reprise ne soit pas qu’un phénomène conjoncturel », en citant les « investissements », les « réformes » et la « responsabilité budgétaire ».
Comme toujours dans la zone euro, la situation reste extrêmement contrastée.
Elle se dégrade fortement et rapidement en Grèce, qui peine à aboutir dans ses discussions avec ses créanciers. Par rapport à février, la Commission a drastiquement revu la croissance à la baisse: elle ne devrait pas dépasser 0,5% cette année, contre 2,5% prévus il y a trois mois.
Le pays, pour lequel un excédent budgétaire était envisagé en 2015 et 2016, accusera finalement un déficit, et devrait rester en déflation cette année (-1,5%).
L’Italie, troisième économie de la zone euro, reste à la peine avec une croissance de 0,6% cette année, un chiffre inchangé depuis février, une dette à 133,1% et un chômage à 12,4%.
A l’inverse, l’Allemagne, le moteur de l’Union monétaire, continue de bénéficier d’un excédent budgétaire, d’une croissance solide (+1,9% en 2015) et du taux de chômage le moins élevé de la zone euro.
La France devrait aussi faire mieux que prévu cette année, tant en termes de croissance (1,1% contre 1,0% envisagé précédemment) que de déficit public (3,8% contre 4,1% prévu en février). Longtemps vue comme le mauvais élève de la zone euro, la France se rapproche donc de ses objectifs en terme de déficit public. Elle a jusqu’en 2017 pour ramener son déficit dans les clous européens, c’est-à-dire sous les 3%.
Le chômage devrait stagner à 10,3% cette année, un peu mieux que ce qu’envisageait la Commission en février, et diminuer en 2016 à 10,0%.
Enfin, l’Espagne devrait voir son économie croître de 2,8% cette année, puis de 2,6% l’an prochain, confirmant son rebond. Le chômage devrait rester élevé mais continuer à décroître, passant de 22,4% cette année à 20,5% en 2016.