Grèce : le parti neonazi Aube dorée jugé

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AFP 19-04-2015

Lundi en Grève s’ouvrira le procès des responsables d’Aube Dorée, le parti neonazi qui est accusé d’être une « organisation criminelle » anti-immigrés.

Le procès des responsables du parti neonazi Aube Dorée qui s’ouvre lundi 20 avril décidera si cette formation, que la crise a installée dans le paysage politique, s’apparente à une « organisation criminelle » anti-immigrés.

Une condamnation du dirigeant et fondateur du parti Nikos Michaloliakos, jugé aux côtés de 68 membres ou sympathisants, remettrait en question l’avenir du mouvement, dont 13 des 17 députés figurent parmi les accusés, qui risquent des peines allant jusqu’à 20 ans de réclusion. Toutefois le verdict ne sera pas connu avant un an, voire au delà, le temps d’un procès inédit.

La montée en puissance d’Aube dorée, devenu en quelques années un acteur incontournable de la vie politique nationale, s’est accompagnée d’une vague d’agressions racistes violentes, jusqu’au meurtre d’un jeune rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, poignardé en septembre 2013 par un militant du parti néonazi près d’Athènes. L’événement a été l’électrochoc qui a réveillé l’opinion publique et la classe politique après des années de relative passivité face à des violences dirigées, entre autres, contre des immigrés.

Les organisations antiracistes, qui manifesteront devant le tribunal lundi matin, estiment qu’il s’agit d' »un des plus importants procès de l’histoire contemporaine grecque ». En 18 mois d’une vaste offensive judiciaire, les magistrats ont bouclé une volumineuse instruction et placés en détention provisoire des dizaines de suspects.

Les accusés devront répondre de trois crimes distincts : le meurtre de Pavlos Fyssas, une tentative de meurtre sur quatre pêcheurs Égyptiens à Perama en juin 2012, et l’attaque de syndicalistes communistes, à Perama également, en septembre 2013.

Le caractère « d’organisation criminelle » du parti constituera le quatrième volet de l’audience. Nikos Michaloliakos et les parlementaires du parti sont poursuivis pour ce chef d’accusation, sans être directement mis en cause dans un cas précis d’acte violent. Mais les 700 pages du réquisitoire sont pourtant catégoriques sur le fait qu’aucune de ces violences ne se seraient produites « si elles n’avaient pas été ordonnées et soutenues par l’organisation criminelle/le parti, notamment son niveau de commandement le plus élevé ».

Les mois d’enquête judiciaire ont mis au jour de nombreux documents photos et videos, ainsi que des témoignages de repentis décrivant le fonctionnement des « sections d’assaut » du parti, leurs raids nocturnes à moto pour « casser » de l’étranger, les camps d’entraînement à la campagne avec maniement de Kalachnikov. « Aucun acte n’est isolé, tout participe d’une stratégie coordonnée du parti », défend la partie civile.

Entré pour la première fois au Parlement en 2012, Aube Dorée est arrivé en troisième position des législatives de janvier remportées par Syriza. Ses partisans ne manqueront pas de venir soutenir les accusés lors du procès qui se tiendra dans une salle spécialement aménagée de la prison de Korydallos, dans la banlieue ouest d’Athènes.